jeudi, mars 28, 2024

L’articulation des programmes europĂ©ens est-elle efficace

L’industrie de Défense Européenne n’a pas spécialement brillé ces dernières années par sa capacité à mettre en œuvre des programmes multinationaux. Avec 7 partenaires industriels, 3 constructeurs aéronautiques (Airbus, Dassault et Leonardo) et 4 équipementiers (Thales, Hensodt, Indra et Elettronica), le projet de drone Moyenne Altitude Longue Endurance (MALE) européen, officieusement dénommé EuroMale, cumule plusieurs difficultés. Ainsi, Airbus, le maitre d’œuvre, n’aurait pas, démontré ses capacités à concevoir des appareils à vocation militaire, alors que plusieurs acteurs du programme, sous les démonstrations d’entente cordiale, auront beaucoup de mal à collaborer. Enfin, les perspectives limitées du programme pourraient amener les industriels à privilégier les programmes plus ambitieux, comme le SCAF.

Il est Ă©vident que ces arguments ne sont pas issus de l’imagination fertile du journaliste, et qu’ils reflètent des positions exprimĂ©es par les industriels, et notamment les industriels français. Elles sont la consĂ©quence des Ă©checs ou semi-Ă©checs de programmes passĂ©s, comme l’A400M, et qui ne semblent pas avoir donnĂ© lieu Ă  un retour d’expĂ©rience suffisant, notamment au niveau de la dĂ©cision politique. 

Mais le principal problème rĂ©side dans le manque de perspectives du programme, conçu comme programme mono-produit, et non comme la base d’une initiative globale des industries europĂ©ennes en matière de drones de surveillance. Comme ce fut le cas avec le NH90, et l’A400M, l’EuroMale est un programme qui laisse les industriels sans bĂ©nĂ©fice industriel Ă  long terme, chacun n’ayant dĂ©veloppĂ© qu’une part nĂ©cessaire mais non suffisante du drone. Eu Ă©gard aux choix technologiques, comme l’utilisation de 2 moteurs, le prix de cet appareil sera Ă©levĂ©, et il aura des difficultĂ©s pour s’imposer sur le marchĂ© export face Ă  la concurrence amĂ©ricaine, israĂ©lienne et surtout chinoise, très agressive sur les tarifs. De fait, les industriels sont appelĂ©s Ă  investir dans des savoir-faire avec de faibles perspectives exports, un marchĂ© domestique limitĂ©, et sans vision de dĂ©veloppement de gamme de produit. 

Reconnaissons que, dans ces conditions, le programme est très peu engageant …

En revanche, si le programme Ă©tait conçu comme la brique initiale d’une famille de drones de surveillance, travaillant sur l’ensemble du spectre des besoins, chaque dĂ©veloppement alimentant les autres de ses retours d’expĂ©riences et de ses succès commerciaux ; les industriels apprĂ©henderaient le sujet avec une vision très diffĂ©rent, et envisageraient la collaboration industrielle avec de nouvelles perspectives, pouvant aboutir Ă  la crĂ©ation d’un co-entreprise, comme ce fut le cas, par exemple, de MBDA. 

C’est une des approches développées dans le programme Socle Européen de Défense, qui est un volet de la doctrine Défense à Valorisation Positive.

- Publicité -

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles