Va-t-on assister à une une alliance militaire sino-russe ?

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Après la visite du ministre de la Défense chinois nouvellement nommé en Russie, c’est au tour du vice-président de la commission des forces armées chinois, le général d’armée aérienne Xi Qiliang, de rencontrer le ministre de la Défense russe, le général Sergei Shoigou. L’objectif de cette rencontre est, selon les déclarations officielles, de resserrer les liens et la coopération militaire, diplomatique et sécuritaire entre les deux pays.

Beaucoup d’analystes estiment que le rapprochement sino-russe est une conséquence de l’intensification des tensions entre les deux pays et l’occident, plus particulièrement avec les Etats-Unis. Si le proverbe dit que l’ennemi de mon ennemi est mon ami, cette seule explication semble limitée quand il s’agit de comprendre les liens qui se construisent entre les deux régimes, plus qu’entre les deux pays.

Car en effet, si les régimes de Vladimir Poutine et de Xi Jinping ne cessent de montrer des signes de convergences, ces derniers ne se reflètent pas beaucoup dans les pays eux-mêmes, leurs économies, et leurs sociologies. Ainsi, malgré cette amitié largement médiatisée, les premiers investisseurs étrangers en Russie restent les entreprises européennes, et la Chine s’attache à conserver son statut d’atelier de l’occident. Les interactions entre les deux pays se limitent donc essentiellement à l’échelle gouvernementale : relations militaires, coopérations sur la scène internationale et marché de l’énergie. 

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En revanche, les deux régimes ont beaucoup en commun, en premier lieu la volonté farouche de rester au pouvoir, avec la peur viscérale des influences occidentales ayant menées, selon eux, aux révolutions de couleurs ou aux printemps arabes. Or, comme tous les régimes autoritaires, les autorités russes et chinoises évoluent sur un fil d’autant plus tendu que les populations ne sont plus cantonnées derrières un rideau de fer infranchissable. Pour conserver le contrôle, ils doivent donc proposer des contrats sociaux basés sur la promesse de l’enrichissement personnel, comme ce fut le cas de Putin 2, et de l’époque Deng Xao Ping, ou instrumentaliser le volet sécuritaire lorsque l’économie ralentie, comme ce fut le cas ces dernières années en Russie, et même en Chine. Or, pour justifier ce volet sécuritaire, encore faut-il des menaces crédibles et perceptibles par la population … 

Et c’est bien dans cet aspect que les deux régimes trouvent leur communion, grâce à un support réciproque dans la narrative internationale, permettant de présenter une lecture contrôlée des évènements, et donc d’influencer la perception de la menace par les populations.

En outre, Chine et Russie sont conscientes qu’individuellement, elles ne peuvent pas défier militairement les Etats-Unis. En revanche, conjointement, elles peuvent prendre un avantage certain, notamment en fissurant le réseau d’alliances américains, exploitant à merveille les tendances hégémoniques de Washington.

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Toutefois, ces facteurs ne permettent pas de créer une alliance durable, au sens qu’elle ne se définie que grâce à un adversaire commun, et non par l’augmentation des liens entre les peuples, comme ce fut le cas des européens et des américains après la deuxième guerre mondiale. 

Il est intéressant de constater que, dans ces conditions, si l’Europe parvenait à développer une capacité de défense autonome rendant la présence américaine inutile, un pan entier de cette narrative russe se trouverait réduite à néant …

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