vendredi, mars 29, 2024

Y a t il vraiment une crise de confiance suite aux disfonctionnements des missiles MdCM ?

Depuis la parution mardi 17 avril, trois jours après les frappes en Syrie, d’un article rapportant que les missiles de croisières MdCN auraient connu des mauvais fonctionnements pendant la séquence de tir, empêchant le lancement de 3 missiles, et nécessitant l’intervention de la frégate Spare, de nombreux articles de la presse écrite et en ligne se gargarisent de « l’échec technologique français », certains allant jusqu’à donner foi aux hypothèses ridicules de la propagande russe.

Il est donc nécessaire de poser, une fois pour toute, les données, et ce afin de pouvoir porter un jugement éclairé sur ces évènements :

  1. Le MdCN

La Marine Nationale avait déployé 5 frégates en zone MEDOR, en méditerranée orientale, qui devaient lancer 3 à 6 missiles de croisières MdCN. Lors de la procédure de lancement, la frégate Aquitaine rencontra un incident qui empêcha le tir de sa première salve. La frégate Spare, la Provence, lança alors 3 missiles, comme cela était prévu, en cas d’incident de tir.

Les 3 missiles tirés ont parfaitement fonctionné, ils ont suivi la trajectoire prévue, en trajectoire rasante, et ont frappé leurs cibles. Il est fait état d’un possible second incident sur la frégate Languedoc, mais les informations à ce sujet sont contradictoires. Il semble surtout que la Languedoc n’ai pas pu tirer sa Salve dans la fenêtre de tir impartie.

Rappelons que les 3 frégates, qui normalement doivent disposer de 16 missiles chacune, n’avaient que 10 missiles en tout (donc 4/3/3), ce qui en dit long sur l’urgence du chargement de ces missiles à bord des navires. D’autant que ces 3 navires étaient, quelques jours avant leur déploiement, eux même en mission.

De fait, la mission navale française était en condition fortement dégradée. Dans ces conditions, un incident de tir n’a rien de surprenant, et ne remet en rien en cause la confiance que peut avoir la Marine Nationale dans ses navires FREMM, et dans le missile MdCN, qui par ailleurs s’est parfaitement comporté.

  • Le SCALP

Les 5 Rafales de l’Armée de l’Air, escortés par 4 mirage 2000-5, ont mené une mission de 4000 km avant d’atteindre leur zone de tir. Chaque Rafale transportait 2 Missiles de croisière SCALP EG. 9 missiles ont parfaitement fonctionné et ont frappé leurs cibles, en évitant les zones de détection des radars russes et syriens. Un missile a connu un incident de tir, et comme le veut la procédure, n’a pas été lancé. Il a été largué plus tard dans une zone interdisant la récupération du missile. Les 9 appareils de l’armée de l’air se sont posés sur leurs bases de départ, après un vol de prés de 10 heures.

Voici pour les faits. On le comprend, il n’y a aucune raison de parler de crise de confiance. Les missiles lancés ont parfaitement fonctionné, ont frappé leurs cibles, et, selon les dires russes, n’ont pas été détecté par les radars russes, y compris par un Beriev 50 Mainstay. L’incident de tir sur la frégate française peut avoir de multiples causes, sachant que le moindre incident dans la check-list de lancement entraine son arrêt. Ce type d’incident est donc bien moins problématique (et beaucoup facile a corriger) que ceux qu’ont connu les tirs de missiles de croisière russes qui s’abimèrent dans les plaines iraniennes, à plus de 1000 km de leur cible, ou des multiples mauvais fonctionnements de missiles Tomahawks qui, eux aussi, ont eu tendance à se perdre dans la nature.

En tout état de cause, ces incidents font partie intégrante de la planification des opérations militaires, et avaient été anticipés par l’Etat-Major qui avait déployé plus d’appareils et de navires pour cette raison, entre autres. 

La seule erreur commise dans cette mission par les autorités militaires et politiques qui l’ont planifié et suivi, fut de ne pas imposer un black-out ferme et strict sur le sujet, de sorte à ce que l’information soit communiquée en temps voulu, dans le contexte adapté. Il revient également aux rédacteurs en chef de faire preuve de responsabilité, et de ne pas se précipiter sur une « information sensible» sans en avoir reçu l’aval des autorités de tutelle.

- Publicité -

Pour Aller plus loin

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles