Le T-14 Armata, premier représentant d’une nouvelle génération de char de combat

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Le blog RedSamovar.com, spécialisé dans l’analyse de la Défense russe et de ses équipements, a publié un dossier sur l’historique, les performances et les évolutions du nouveau Char de combat russe T-14 Armata et des blindés de sa famille.

On y apprend notamment que le canon de 125 mm 2A81-M1 serait 17% plus performant que le canon L/55 équipant les Leopard 2 A6, et 14%plus performant que le canon M256 qui équipe les derniers Abrams M1A2. Le char bénéficie d’une protection triple-niveau composée de systèmes hard-kill destinés à intercepter les menaces, et notamment les missiles et roquettes anti-char, soft-kill, pour empêcher de viser le blindé, et d’un nouveau blindage actif Afghanit et passif Monolith, apportant un niveau de protection inégalé pour un char de combat dans le monde. En outre, l’équipage, extrêmement protégé, dispose d’un ensemble de senseurs et d’équipements de communications pour disposer d’une excellente conscience tactique, notamment en zone urbaine. 

L’ensemble des innovations intégrées au T-14 va au-delà de la simple progression et amélioration d’un équipement, comme le T-90 fut une amélioration du T-72. Il s’agit d’un saut générationnel concernant les systèmes d’armes blindés, issu des nombreux retours d’expériences des forces russes ces 50 dernières années, en Afghanistan, Tchétchénie, Géorgie, Ukraine et Syrie. En ce sens, le T-14 serait le pendant blindé du F-22 et, comme lui, il n’aura, pendant de nombreuses années, aucun équivalent opérationnel.

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Pendant de nombreuses années suivant l’effondrement de l’Union Soviétique, la recherche russe en matière d’équipements de Défense a été négligée voir méprisée par l’Occident. Depuis quelques années, cependant, les armées russes ont fait preuve d’une remarquable capacité à évoluer, et à intégrer de nouveaux équipements qui auront surpris militaires et industriels occidentaux.

Il est intéressant, à titre d’exemple, d’étudier l’évolution du dispositif aérien russe en Syrie, et des vidéos de frappes publiées, entre le déploiement initial, et aujourd’hui. En deux ans, les forces russes seront passées d’une majorité d’équipements issus de l’héritage soviétique (Su-24, Su-25, S-300) à des équipements de nouvelles générations (Su-30-34-35, S-400, Pantsir..). Alors que les premières vidéos de frappe en Syrie montrait l’utilisation de munition lisses non guidées, elles sont aujourd’hui utilisées de manière plus marginale, et les armes de précision, guidées grâce à des drones ou des opérateurs, sont devenues prédominantes sur le champ de bataille.

Cet exemple, parmi d’autres, illustre les nouveaux paradigmes qui président à l’élaboration des programmes de Défense Russes. L’Etat-Major russe, sous le commandement du général Gerasimov, a mis en place des chaines courtes entre militaires et industriels, de sorte à bénéficier rapidement des retours d’expérience du terrain. C’est ainsi que l’on a pu voir des prototypes, voir des démonstrateurs, être déployés en zone de combat pour évaluer certaines performances ou contraintes. Ce fut le cas lorsque 2+2 Pak-50 furent déployés quelques jours sur la base russe de Hmeimin en Syrie, ou lorsque des BMPD-2 Terminator furent utilisés en 2017, en Syrie également, alors que ce blindé n’entrera en service dans les forces russes qu’à la fin de cette année.

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Outre cet aspect, la logique même de la conception des équipements de Défense russes a largement évoluée depuis la guerre froide. Si, à cette époque, l’objectif des ingénieurs et planificateurs soviétiques était de coller aux développements technologiques occidentaux, il est, depuis quelques années, de neutraliser et défaire les forces occidentales (et non leurs équipements). C’est ainsi que le développement de la force aérienne russe ne suit pas la même logique que celles des occidentaux, la neutralisation de la force aérienne ennemie étant dévolue à l’action combinée des missiles surface-air et des intercepteurs. Ainsi, le Su-57 n’est pas conçu pour affronter le F-22 ou le F-35, mais pour frapper les avions de ravitaillement en vol, les awacs, et les défenses anti-aériennes, anti-missiles et radar ennemis. L’engagement des appareils furtifs américains est, lui, effectué par les radars à basse fréquence intégrés aux batteries S-400 et S-500.

Dans le cas du T-14, et comme le montre le Dossier, le char a été conçu pour détecter les menaces avant d’être détecté, de les engager avant d’être engagé, et de les détruire alors que, elles, ne puissent le détruire. Ce char agit donc non plus comme un simple char, mais comme un démultiplicateur de force. Cette logique, proche de la doctrine ayant donné naissance au programme SCORPION de l’Armée de terre française, permettra d’utiliser le T-14 dans un environnement composé d’autres blindés comme les T-90BM, ou le T72B3M, de chasseurs de char Terminator, et de véhicules de combat d’infanterie, tous ces équipements étant disponibles en grande quantité, et à faible cout, aux forces russes. De fait, même s’il ne sera pas rapidement disponible en grande quantité, le T-14 pourra apporter dans les toutes prochaines années, un regain de puissance sensible aux forces terrestres russes.

C’est la raison pour laquelle Mark Espers, secrétaire d’état à l’US Army,  a récemment déclaré que les forces militaires américaines seront en mesure de surclasser les forces russes et chinoises en 2028, signifiant par là qu’elles seraient en mal de le faire avant cela.

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