Le Rafale en Inde, entre forces et incertitudes

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Le journaliste spécialisé dans l’industrie de Défense Michel Cabirol, a publié un article dans « la Tribune Â» selon lequel une nouvelle commande de Rafale en Inde était très peu probable cette année. En effet, l’opposition indienne, menée par le parti du Congrès, attaque depuis plusieurs mois les modalités du contrat d’Etat à Etat signé entre l’Inde et la France, pour l’acquisition de 36 Rafales fabriqués en France. L’opposition indienne juge le contrat trop défavorable pour l’Inde, et le prix unitaire de l’appareil trop élevé, et exploite cet argument comme un argument politique pour mettre le gouvernement Moodi en difficulté, notamment lors des prochaines élections de 2019.

Si, effectivement, il y a une instrumentalisation manifeste par l’opposition du contrat entre la France et l’Inde concernant la livraison de 36 Rafales, on se doit de remarquer que celui-ci prépare admirablement bien le terrain pour de futures commandes de l’avion français, que ce soit directement entre Etats, ou à l’occasion de nouvelles compétitions.

En effet, au delà de la livraison des appareils à l’Indian Air Force, 3 aspects majeurs du contrat doivent être pris en compte :

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  • la création d’une infrastructure de maintenance dédiée au Rafale, et capable de soutenir jusqu’à 150 appareils.
  • l’adaptation du Rafale aux besoins indiens, et notamment à l’emport des armements propres à l’IAF, comme le missile de croisière supersonique Brahmos.
  • L’obligation d’offset de 50% lié au contrat, que les industriels français ont exploité avec intelligence, en mettant en place des infrastructures de production en Inde, répondant aux exigences de qualité françaises.

Ces 3 volets, associé au fait que le Rafale entrera en service dans l’IAF en 2019, et que celle-ci lui est très favorable, procurent un avantage certain à l’avion français dans les négociations futures, et notamment dans le futur appel d’offre pour 110 appareils dont 100 devront être construits en Inde, remplaçant l’appel d’offres « chasseurs légers Â» qui voyait s’opposer le F16V de ‘Lockheed et le JAS-39 Gripen E/F de Saab.

Enfin, les industriels français, et notamment le motoriste Safran qui fabrique le moteur M88 équipant le Rafale, ont un dernier avantage à faire valoir, en s’étant activement investi dans le chasseur de conception indienne Tejas, qui rencontrait d’importantes difficultés de mise au point, et des performances décevantes. Comme la ministre des Armées Florence Parly s’en est fait l’écho, Safran, après avoir apporté son expertise sur le moteur Kivali de conception indienne, a proposé d’équiper les futures versions du Tejas, les Tejas Mk1A et Mk2, du même moteur M88 que le Rafale. Ce moteur est à la fois très performant, économe en carburant, et de maintenance simplifiée, et il ne fait aucun doute que les performances des Tejas se trouveraient grandement améliorées avec ce réacteur.

Or, le fait d’exploiter le même moteur pour la flotte de Tejas et de Rafale améliorerait significativement la maintenance des deux appareils, et ferait baisser les couts, notamment de l’infrastructure chargée de fabriquer les moteurs.

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On le voit, ce premier contrat Rafale en Inde aura très bien préparé l’avenir pour des commandes ultérieures, qui présenteraient dès lors un prix unitaire très favorable à l’appareil français, alors que ses compétiteurs, Typhoon, Gripen, Mig35, F16V et F35, devront eux, intégrer des couts complémentaires de plusieurs milliards de $.

C’était la raison pour laquelle, en septembre 2016, lors de l’annonce de ce contrat, qui était alors décrié par beaucoup dans les presse et sur les réseaux sociaux, j’avais intitulé mon premier article « Rafales Indiens : le meilleur des contrats ?« 

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